La colonne des Trente                                                                                                     

A mi-chemin entre Josselin et Ploërmel, un obélisque de granit, ou pyramide de la Mie-Voie (inauguré en 1819) commémore le souvenir du Combat des Trente. Cet épisode de la guerre de succession de Bretagne est devenu célèbre grâce au récit de Froissart, chroniqueur du 14ème siècle.
A la mort du duc de Bretagne Jean III, en 1341, une grave crise de succession oppose son demi-frère Jean de Montfort et ses alliés anglais à sa nièce Jeanne de Penthièvre, mariée à Charles de Blois, neveu du Roi de France, et soutenue par la Couronne. En 1351, Jean de Beaumanoir, sénéchal de la maison des Rohan, tient pour Charles de Blois le château de Josselin, tandis que l'Anglais Bemborough, qui occupe Ploërmel pour Jean de Montfort, pille et rançonne le pays.
Beaumanoir s'apitoie sur le sort des paysans et va en demander raison aux Anglais. Il lance un défi à Bemborough. Ainsi s'affronteront sur la lande de Mi-Voie, trente chevaliers franco-bretons et trente chevaliers anglo-bretons en une bataille qui dura longtemps. Au chef des premiers. Beaumanoir, blessé, crie sa soif, Geoffroy du Bouays lui réplique : « Bois ton sang, Beaumanoir, la soif te passera. » Le parti de Charles de Blois remporte la victoire. Froissart  raconte qu'à la table du Roi Charles V, il vit un des survivants du combat, Even de Charuel, « le visage si tailladé et découpé qu'il montrai que la besogne fut bien combattue. » Cette bataille ne résout rien, mais la chronique de Froissart en a fait le modèle des exploits de chevalerie, et la célèbre Ballade des Trente, que La Villemarqué publiera en 1838 dans son Barzaz Breiz, s'achève ainsi : « Il n'eut pas été l'ami des Bretons, celui qui n'eut pas applaudi dans la ville de Josselin en voyant revenir les nôtres, des fleurs de genêt à leurs casques ».

« Ils avaient courtes épées de Bordeaux raides et aiguës, et épieux, et dagues, et quelques-uns des haches, et s'en donnaient merveilleusement grands horizons ; vous pouvez bien croire qu'ils firent entre eux mainte belle appertise d'armes, homme contre homme, corps à corps et main à main ; on n'avait point auparavant, depuis cent ans passés, ouï rapporter chose pareille….
Mais finalement les Anglais en eurent le pire….Ainsi Brandebourch, leur capitaine, y fut tué et huit de leurs compagnons ; les autres se rendirent prisonniers. Messire Robert et ses compagnons demeurés en vie les emmenèrent au château de Josselin et les rançonnèrent depuis courtoisement quand ils furent guéris, car il n'y avait nul qui ne fut blessé tant des Français que des Anglais » (Jean Froissart
Chroniques).

La Chapelle Saint Maudé en La Croix Helléan servirait, dit-on, de sépulture aux trois chevaliers bretons tués lors du combat.